Dans ce troisième post sur mon Substack, j’aborde le rôle actuel de manager dans le contexte des défis du monde actuel.
Manager
Avant de détailler ce que j’entends par “moderne”, je veux aborder le mot manager, que je mets en italique car il s’agit d’un mot anglais devenu courant dans la langue française, du moins dans mon domaine d’activité.
En effet, on utilise généralement le mot manager (tout court) pour désigner celui qui est responsable d’une équipe ou de personnes, ce qui en anglais correspond à people manager ou team manager, deux mots parmi tant d’autres que l’on peut accoler à manager tel que account, project ou sales.
Pourtant, dans le cas de account manager, project manager ou encore sales manger, on continue d’utiliser largement la version française : chargé de clientèle, chef de projet, responsable commercial. C’est beaucoup moins le cas pour le (people/team) manager, que l’on verra rarement remplacé par sa version française légitime : chef d’équipe.
Le mot “chef”, lorsqu’il fait référence à une responsabilité organisationnelle et humaine, semble porteur d’une connotation négative, ou tout du moins limitative, en particulier pour les niveaux intermédiaires. On pense au chefaillon autoritaire, peu apprécié de ces équipes, ou alors on ne voit que le rôle hiérarchique.
Le mot manager, comme beaucoup d’anglicismes, apporte quelques subtilités supplémentaires, en l’occurence ici des notions de facilitateur et de soutien à l'équipe, raison pour laquelle il s’impose de plus en plus dans le monde moderne.
Chef d’équipe
Le rôle du chef d’équipe, que ce soit avec cinq collaborateurs ou avec des milliers, reste le même : gérer l’ensemble des éléments qui rendent des équipes productives. Ces éléments se divisent en deux grandes catégories : le qui et le quoi.
Le “qui”, c’est l’humain et l’organisationnel, ce qui nous permet de devenir plus efficace en groupe que seul et d’avoir de l’influence sur les autres. Le “quoi”, c’est l’objectif à atteindre et les moyens mis à disposition : c’est l’aspect technique, le commercial, le financement, etc.
Un bon chef d’équipe doit être compétent sur ces deux domaines, ce qui demande une grande polyvalence. Il faut être à la fois capable de comprendre et influencer sur des décisions techniques, commerciales ou financières, tout en ayant une bonne compréhension des dynamiques humaines et une communication efficace. Parfois, le rôle de chef d’équipe se rapproche de celui d’un psychologue, parfois de celui d’un expert technique, parfois de celui d’un commercial. Il faut jongler avec toutes ces casquettes, tout en assumant un haut niveau de responsabilité. C’est en devenant chef d’équipe que j’ai compris la réalité de ce rôle, et surtout son importance. La transition fut difficile, tout le monde n’est pas fait pour et certains en reviennent1, mais pour moi c’était une évidence.
Avec mes quelques années d’expérience, j’ai réalisé que le “qui”, l’aspect organisationnel et humain, ne se limitait pas aux techniques de management tel que Agile et STAR, ou à des métriques de productivité et des OKRs. Alors bien sûr il faut des compétences de gestion, de planification et de communication pour gérer une équipe, mais un bon chef d’équipe doit aussi et surtout promouvoir des valeurs et des thèmes qui rassemblent afin de mettre en place un environnement de travail accueillant et propice à la collaboration.
Je ne vais pas m’épencher sur les valeurs car cela semble évident aujourd’hui, du moins je l’espère : honnêteté, intégrité, transparence, confiance, etc. En revanche, la notion de thème doit paraître plus vague, or elle correspond justement à ce que je veux mettre en avant en utilisant le mot “moderne”. Je vais en présenter trois qui me semblent essentiels en 2024.
Moderne
L’informatisation
Le premier thème du manager moderne est l’informatisation. L’Histoire retiendra probablement le tournant de l’an 2000 comme le commencement d’une révolution numérique qui a vu l’informatique s’imposer dans nos vies. Depuis les ordinateurs personnels jusqu’au cloud, en passant par l’explosition d’internet et des smartphones, l’informatique a largement changé notre monde, certains métiers devant se réinventer, quand ils n’ont pas simplement disparus.
Mon métier est né de la révolution numérique, il est donc peu impacté par ces changements. Malgré tout, j’ai pu voir des technologies et des spécialités devenir obsolètes en l’espace de quelques années, mettant des employés sur la touche. Le manager moderne doit être en amont de ces changements pour ne pas les subir. Il faut s’informer, se former, pour mieux accompagner. J’en veux pour exemple l’explosion en cours de l’IA générative qui va certainement avoir des impacts sur nos métiers, un sujet à suivre de très près.
En parallèle de cela, l’informatique est encore très méconnu du grand public. Ceci créer de nombreux décalages entre la vision des employés dits “non techniques” et la réalité des problématiques du développement informatique. Le manager, quelque soit son niveau, est un maillon essentiel pour réduire ce décalage, c’est même l’une de ses activités principales et probablement l’une des plus difficiles.
Être manager en informatique, c’est devoir constamment expliquer ce que l’on fait, évangéliser les pratiques et les méthodes, justifier les délais et le besoin de qualité. Ceci existe probablement dans tous les domaines d’activités, mais se trouve exacerbé en informatique par la nouveauté et la méconnaissance du domaine.

L’écologie
Le second thème du manager moderne est l’écologie. Cela peut sembler surprenant, et en toute transparence il s’agit d’un sujet qui a peu impacté ma carrière jusqu’à présent. Toutefois, je suis convaincu que les choses vont changer prochainement.
Les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail, et encore plus celles qui arriveront dans une dizaine d’années, sont très concernées par ce sujet. Un vrai changement de mentalité s’impose et va nécessiter de revoir quelques habitudes. Par exemple : est-il encore pertinent de fournir des berlines de fonction aux directeurs ? Est-il encore pertinent de mettre la climatisation à 20°C l’été ? Est-il encore pertinent de prendre un vol long-courrier pour quelques jours de formation ?
Les managers doivent montrer l’exemple et militer pour plus de responsabilité. Surtout, il faut y croire vraiment, pas faire du green-washing. La question écologique est en train de devenir centrale dans nos sociétés, on sait tous pourquoi. Le monde de l’entreprise doit suivre cette évolution, pas seulement pour participer à l’effort collectif, mais aussi pour son propre intérêt, pour rester dans l’ère du temps.
J'ai bien conscience que ma position sur l'écologie, probablement un peu militante, semble relever du détail. Pourtant, je pense que l'on est en pleine prise de conscience collective, lente mais constante, et que le fait d'ignorer cette question va devenir de plus en plus anachronique et source de tensions au sein des équipes.

L’inclusion et la diversité
Le troisième thème du manager moderne est très vaste puisqu’il s’agit des questions d’inclusion et de diversité, en lien avec l’évolution de la société en général. Que l’on parle de la parité homme/femme, de la reconnaissance des minorités ou des situations de handicaps, tous ces sujets sont centraux dans les discussions au sein des équipes, et j’en aborderai certains plus en détail dans mon prochain post.
Rendez-vous la semaine prochaine !
Il est essentiel dans ce cas que l’entreprise propose une progression sur deux axes : management et expertise technique. On peut tout à fait devenir un meneur technique essentiel au sein d’une entreprise, avec de fortes responsabilités, sans pour autant gérer des équipes.